Dakar - Cap-Vert
Vendredi 19 novembre départ de Dakar à 8h30
La veille au soir, retour au bateau des derniers équipages à la nuit, nos passeurs font des prouesses dans une houle avec des forts rouleaux sur la plage. Dans l’après-midi 2 annexes se sont retournées en quittant la plage.
Ils font preuve d’une grande habileté avec leur lourde pirogue qu’ils manient avec dextérité, sans jamais la mettre en travers des rouleaux, l’amenant au rivage en utilisant les vagues.
Ils nous ont bien aidé avec gentillesse et sans jamais rechigner, soulevant nos bidons de 30 litres d’eau avec autant de facilité que nous nous soulevons une bouteille d’eau. Faisant des allers et retours avec nos jerricans, les remplissant eux-mêmes, apportant aux bateaux les courses d’avitaillement livrées au rivage, allant chercher du gasoil, etc . Travaillant sans relâche de 8h du matin à 22h.
Jusqu’au départ le mécanicien Aaroun, un colosse aux doigts d’or est passé sur les bateaux pour les dernières réparations, les derniers réglages. D’humeur égal, serviable, calme dans ses interventions, compétent, il a travaillé sans relâche sur la flotille du RIDS ; jusqu’à 22h, dernière rotation de la navette, il était parfois encore en intervention. De nombreux bateaux ont subi des avaries plus ou moins importantes : problèmes de moteur, de batteries, de safran, de voiles. Heureusement pour nous pas de problème notable ; le problème redouté de presse-étoupe s’est avéré en fait inexistant, simple problème de défaillance d’une pompe de cale, réparée à Dakhla.
Toute une équipe qui nous a bien facilité le séjour et qu’il faut remercier, même si tout cela n’était pas gratuit bien sûr.
Départ par 15 nœuds vent de nord puis nord- nord-ouest à 20 puis 25 nœuds qui nous oblige à naviguer au près, avec de la houle. Cap au 300°. Passons au large de la Grande Corniche et de la monumentale statue du « Monument de la Renaissance Africaine »
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Monument_de_la_Renaissance_africaine) .
Navigation très pénible, ballotés pendant les 48 premières heures, déplacement parfois périlleux dans le bateau. Toute l’armoire de la salle de bain s’est détachée dans un gros coup de gîte, nous privant de douche jusqu’à l’arrivée. Nombreux sont les équipages un peu « barbouillés », sinon malades.
Puis le temps s’est calmé dimanche et lundi : 15 nœuds de vent maxi et surtout disparition de la houle, ce qui change tout. Dans la nuit de dimanche 21 à lundi 22, après être entrés dans l’archipel du Cap-Vert au nord de Boa Vista vers 19 heures, le vent tombe totalement : moteur jusqu’à l’arrivée.
De quart entre 6 et 8 h du matin je vois apparaître les îles de São Nicolau puis Santa Lucia et,
en plein jour c’est Mindelo
et derrière la grande masse montagneuse de São Antão (près de 2000 mètres).
En mer toujours des dauphins en pagaille, des bancs qui nous dépassent pendant 15, 20 minutes, avec des sauts superbes, des dauphins qui paraissent très joueurs, qui suivent le bateau à l’étrave. Aussi beaucoup de poissons volants, souvent en bandes d’une dizaine qui font des vols de 20- 30 mètres, avec des battements d’ailes de petits oiseaux. A 30 miles de Boa Vista une grosse tortue de mer.
En début d’après-midi du lundi 22 on est au nord de São Vicente. Nous avons de la chance dans cette passe entre São Vicente et São Antão, il y a régulièrement un couloir de vent redouté, on nous avait prévenu : « prenez un ris bien avant, à 20 milles de l’arrivée ». En fait absence de vent persistante depuis minuit et nous avons terminé l’atterrissage au moteur.
Mais le paysage de ces îles est superbe, le plus bel atterrissage que nous ayons fait jusqu’à présent, au fur et à mesure de la progression le paysage changeait, se découvrait, des villages côtiers apparaissaient, une pente qui paraissait aride devient verdoyante, etc. une superbe arrivée.
Nous passons entre l'île aux oiseaux et la côte
pour accéder au port de Mindelo
Nous retrouvons presque tous les autres bateaux arrivés, sur le ponton. Et c’est bien plus agréable que l’isolement des mouillages.
Priorité : prendre une douche, puis Philippe et moi partons pour une petite reconnaissance pédestre du centre-ville.
Tranquillité, il n’y a plus ce harcèlement insupportable des rues de Dakar.
Tout est coloré, les bâtiments, les vêtements, les étals, les paysages…
et tout semble tranquille, les gens calmes et accueillants.
De retour au bateau,
la plupart des équipages décident d’aller manger au « Clube Nautico », petit restaurant avec ambiance musicale cap-verdienne, juste en face de la marina :
un ensemble de 3 musiciens fantastiques. JP féru de musique s’essaye à jouer avec eux, mais la symbiose est difficile, mais l’ambiance y est. Soirée magique.
JP nous quitte au Cap-Vert.
Le problème est apparu il y a déjà un moment, dès Madère. Sa conception de la navigation n’a pas pu s’accorder avec celle du reste de l’équipage, ni avec le programme prévu du RIDS, en particulier 6 semaines de navigation, sans voile, au moteur, sur l’Amazone. Malgré ces divergences, sa personnalité nous manquera. JP c’est « tout feu, tout flamme », le cœur sur la main, de la générosité à revendre. Incapable de mesquinerie ou de rancœur. Mais en contre partie une certaine incapacité au compromis. Débordé par son énergie qui va parfois au-delà du but, qui le fait aller plus vite que nécessaire. On a l’impression qu’il voudrait que les choses soient finies avant d’être commencées. Evidemment cela n’entache en rien une bonne amitié et le souvenir de sa grande générosité.